Je suis autrice et fière de l’être. Beaucoup n’apprécient pas ce mot, et souvent sans en comprendre son origine. Chacun est libre de son choix et ce choix doit être respecté.
Auteur : Mot masculin du latin Auctor
Autrice : Mot féminin du mot latin Auctrix
Auteure : Mot féminin québécois/canadien
Autrice :
Je ne vais pas parler du mot masculin, cela n’a que peu d’intérêt. Je vais donc me lancer dans sa version féminine Auctrix. Ce mot latin est apparu très tôt, entre le Ier et le IIe siècle apr. J.-C.. Ce mot dérive d’un autre qui n’a rien en rapport, mais l’importance est l’évolution du latin qui a permis cette création.
Au Moyen-Age, ce mot continue de vivre dans le milieu de l’art et de la littérature. À partir du XVe siècle, les lexiques et les dictionnaires intègrent les mots Auctrix et Autrice qui deviennent répandus dans tous les domaines.
Madeleine de France, fille de Charles VII, se présente comme autrice (lettre en 1480). Par la suite, Marguerite d’Autriche et Marie de Romieu l’utiliseront. Autrice traverse les siècles sans faiblir. Si vous lisez les vieux textes : traités, œuvres littéraires… vous n’y échapperez pas. Hommes et femmes utilisaient donc autrice.
C’est au cours du 17e siècle que le conflit se met en place, et notamment à la création de l’Académie française qui a décidé de condamner la version féminine d’Auteur. La raison est complexe, mais je vais aller au plus simple pour éviter un bloc de dix pages. À l’époque, les femmes de lettres prenaient de l’ampleur et, donc, du pouvoir. Cela dérangeait les hommes de la haute société. Remettez-vous dans le contexte, aucune égalité comme maintenant. Le pouvoir était détenu par les hommes majoritairement et les femmes n’avaient pas leur mot à dire. L’Académie française a statué sur certains mots ; de féminin, certains passèrent au masculin quand cela était possible. Pour d’autres, la forme féminine fut carrément éliminée, ce fut le cas pour Autrice. Pourtant, il a continué à exister, et il existe toujours.
Toutefois, l’Académie française persiste à le refuser. Beaucoup de mots ont une version féminine, certains en ont vu naître avec l’émancipation de la femme qui peut désormais être directrice, électrice, la ministre… À savoir que même les auteurs (hommes et femmes) aujourd’hui utilisent la version féminine dans leurs écrits et pour se désigner. De même, les maisons d’édition l’acceptent et la revendiquent. Il ne s’agit pas d’une pure invention, et encore moins une revendication des féministes.
Je le redis donc, je suis autrice et fière de l’être.
Note supplémentaire : Autrice est employé en Afrique francophone et en Suisse.
Auteure :
Ce passage va être court. Auteure est canadien et québécois, également utilisé en Suisse. Il apparaît depuis quelques années en France, adopté sans doute par défaut en méconnaissance du mot Autrice. Il n’est donc pas une hérésie, juste qu’il n’est pas français.
Ces mots existent et ont le droit d’être utilisés par tout le monde. L’Académie française refuse de réintroduire Autrice. Il est plus facile d’accepter des mots anglophones et de rabaisser la langue française, que de remettre à leur place légitime certains mots. Merci donc de respecter le choix de nos auteurs et de nos autrices, et de méditer sur leur place légitime.